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Elise Broyard: Faites vos propres expériences et bousculez les étiquettes!

Nom : BROYARD
Prénom : Elise

Formation ULB : Master en Langues et Littérature arabes, diplômée en 2007 / Bachelier en Traduction et Interprétation néerlandais-italien (ISTI), diplômée en 2018 
Années de formation: 2002-2007/2014-2018
Fonction actuelle : Traductrice juridique néerlandais-français à temps plein chez Modero Gerechtsdeurwaarders Antwerpen et interprète assermentée italien-français en indépendante complémentaire pour le SPF Justice
  • Quel rêve de « carrière » aviez-vous lorsque vous avez choisi vos études?

Je n'en avais pas. J'étais une élève à problèmes à l'école secondaire, je pensais qu'il était inutile que je fasse des études et que si je trouvais un emploi me permettant de survivre, je pourrais déjà m'estimer heureuse. Je suis donc venue seule à Bruxelles à 19 ans et j'ai fait plusieurs boulots ne requérant pas de formations particulières (archiviste, serveuse, caissière) pendant que je voyais mes ami(e)s commencer l'unif. Forte de ma capacité à me débrouiller seule à Bruxelles et voyant mes ami(e)s aller à l'unif j'ai pensé pourquoi pas moi ? Et je me suis inscrite à l'ULB avec un seul critère : quitte à risquer de me foirer, autant que je choisisse des études qui me plaisent, on ne sait jamais que je réussirais. Je rêvais d'apprendre les langues sémitiques, je ne savais même pas qu'on pouvait faire cela comme études donc quand j'ai vu Langues et Littérature arabes à l'ULB (études qui à l'époque s'appelaient encore Orientalisme !), je n'ai pas hésité à tenter ma chance, pensant que je n'irais probablement pas plus loin que la première année mais qu'au moins j'aurais appris quelque chose d'intéressant pendant ce temps-là.

  • Quel parcours avez-vous réalisé finalement ?

La vie n'est jamais un long fleuve tranquille et ce n'est pas les études universitaires qui me contrediront ! J'ai été au bout de mes études, le bachelier et la première année de master se sont bien passées, mais j'ai ensuite interrompu mes études un an pour retourner travailler. Personne n'a compris ma décision mais la pression à l'unif était trop forte, je ne voyais pas où j'allais avec ces études et je n'y croyais plus. Après un an je suis revenue faire ma deuxième année de master et mon mémoire (un très mauvais souvenir le mémoire, l'impression constante de ne pas être à la hauteur). Une fois diplômée, j'ai travaillé dans une ONG et dans le secteur associatif. La caractéristique qui ressortait principalement dans mon CV était la recherche de subsides car j'avais fini par me spécialiser là-dedans malgré moi. Sauf que je haïssais cela. Peu de temps après la naissance de ma fille, j'ai alors décidé de reprendre des études pour essayer de quitter la voie dans laquelle j'avais atterri et où je m'ennuyais profondément et obtenir une reconnaissance dans une langue que je pratiquais depuis mon Erasmus à Naples par passion : l'italien. Je me suis donc inscrite à l'ISTI (à l'époque haute école, maintenant Traduction-Interprétation à l'ULB) pour essayer d'aller le plus loin possible avec cette langue et espérer pouvoir l'utiliser à un niveau professionnel. En traduction-interprétation il faut toujours choisir une combinaison de langues, la mienne était italien-néerlandais car l'ONG dans laquelle j'avais travaillé était néerlandophone, j'avais donc un niveau relativement acceptable en NL et j'aimais cette langue. J'étais la seule dans cette option, tou(te)s les autres étudiant(e)s choisissant généralement l'anglais comme combinaison linguistique. J'ai donc repris des études parallèlement à mon job dans le milieu associatif que j'ai quitté par après pour devenir prof de FLE (français langue étrangère) et tout en étant maman (j'ai eu mon deuxième enfant pendant mon bachelier à l'ISTI et je me souviendrai toujours de certain(e) profs et étudiant(e)s qui m'ont soutenue pendant cette période-là).
En traduction, on ne peut effectuer son stage qu'en master, or moi je voulais devenir traductrice assermentée (cela signifie être appelée par le SPF Justice pour traduire dans des affaires judiciaires) et je n'étais pas certaine d'avoir le temps de faire un master, j'étais déjà mère de deux enfants, je ne voulais pas faire durer encore les études indéfiniment. J'ai donc convaincu l'ISTI de me laisser aller faire un stage en traduction pendant ma troisième année de bachelier, stage que j'ai effectué au service interne de traduction du SPF Justice. C'est là que j'y ai réellement appris mon métier de traductrice juridique. J'ai ensuite fait la première année de master en interprétation car on n'est pas formé à l'interprétation en bachelier (l'interprétation c'est de la traduction orale simultanée, consécutive ou de liaison), cela ne s'étudie qu'en master et je voulais quand même savoir ce que c'était avant d'arrêter définitivement les études. C'est durant cette année en interp que j'ai compris que l'éthique professionnelle et la rigueur étaient des valeurs non négociables à mes yeux et que je devais faire mon chemin là où j'avais le plus de chances de rencontrer des personnes les partageant. J'ai donc passé mon certificat pour devenir traductrice assermentée mais à l'UMons cette fois et j'y ai également passé un certificat en interprétation en milieu judiciaire. Un certificat n'est pas un master, c'est une formation continue mais obligatoire pour les traducteurs/traductrices-interprètes souhaitant devenir assermenté(e)s.
Une fois diplômée de l'ISTI, j'ai continué à travailler comme prof de FLE tout en passant mes certificats à l'UMons. Le marché de l'emploi en 2018 n'était pas le même qu'en 2007 et il fallait postuler autrement. Sans l'aide du Career Center de l'ULB je ne m'en serais pas sortie, je n'avais pas les "codes" (vraiment j'étais à la ramasse en terme de CV, lettre de motivation etc.). Grâce à leur aide et celle de Randsdad, j'ai trouvé un emploi à Anvers et parallèlement à cela j'ai commencé à travailler comme interprète en italien à la police et au tribunal en indépendante complémentaire. C'est la plateforme Job Yourself qui m'a donné les armes pour défendre mon activité d'indépendante complémentaire. Cette plateforme accompagne normalement les indépendant(e)s temps plein, j'y avais participé quelques mois avant de trouver un emploi à Anvers et j'ai gardé tous leurs bons conseils en mémoire pour mon activité d'indépendante complémentaire.

  • Quels sont les conseils que vous donneriez à de jeunes diplômés ?
1. Libérez-vous du regard des autres, pour cela une seule recette : faites vos propres expériences et bousculez les étiquettes
2. N'attendez pas qu'on vous confère une légitimité, conquérez-la en travaillant dur, en persévérant et en continuant à vous former
3. Votre plan de carrière a plus de chances d'aboutir si vous tenez compte du marché professionnel flamand : en Belgique votre deuxième langue doit être le néerlandais, pas l'anglais certes important mais seulement en troisième place, et un bon terrain de jeu doit inclure la Flandre :)
Mis à jour le 7 juin 2023