Apollinaire Kahindo Kivyamunda : "Intégrer l’ULB, c’est donc entrer dans une communauté ..."

• Quel rêve de « carrière » aviez-vous lorsque vous avez choisi vos études?

Je souhaitais découvrir des connaissances - apprentissages, des gens et des horizons les plus divers.

• Quel parcours avez-vous réalisé finalement ?

Après avoir obtenu mon doctorat en théologie à l'UCL en 2008, j'ai rejoint l'ULB pour un master en sciences et gestion environnementale. Une fois ce diplôme en poche, je suis retourné travailler en Afrique, en République Démocratique du Congo, où j'ai enseigné les sciences dans plusieurs universités à l’Est du pays.

Au regard des réformes du système universitaire en RDC, notamment le passage au système LMD, la nécessité de former le personnel scientifique est devenue une urgence. C'est dans cette optique que je suis revenu à l'Université libre de Bruxelles pour entreprendre un master 120 en Sciences de l'Education. Ce parcours m’a été particulièrement précieux et m'a permis de renforcer mes compétences dans le domaine de l'éducation, compétence que j'utilise aujourd'hui dans ma fonction de Recteur de l’Université Moderne Sainte Elizabeth de Durba, située dans la Province du Haut-Uele.

Notre université propose plusieurs filières telles que l’informatique, la géologie et les mines, les sciences de l’éducation, le management, la mécanique, et bien d’autres. Nous sommes actuellement à la recherche de sponsors, de partenariats et même d'acquisitions d’équipements d'occasion ou de matériel pour notre bibliothèque, dans le but d'améliorer nos infrastructures et d'offrir une formation de qualité à nos étudiants.

En ce qui concerne ma formation à l'ULB, je garde un souvenir très positif, notamment de l'esprit de libre examen, de la liberté de pensée, ainsi que de l'orientation résolument laïque et athée de l'université. J'ai particulièrement apprécié l'organisation de la bibliothèque et l'accès facilité aux publications spécialisées dans tous les domaines.

Malgré les difficultés liées au stationnement et au logement sur le campus de la Plaine et du Solbosch, l’ULB reste, à mes yeux, l’une des universités les plus prestigieuses d’Europe, et la qualité de la formation dispensée est remarquable. Je suis fier d’être un ambassadeur de la libre pensée et du libre examen. À ce titre, je me permets de m’interroger sur la façon dont ces principes se répercutent dans les systèmes éducatifs des pays en voie de développement : représentent-ils les prémices de la démocratie ou plutôt de la "desocratie"?

• Quels sont les conseils que vous donneriez à de jeunes diplômés ?

Avant d’entamer leur parcours à l'ULB, les futurs étudiants doivent se préparer avec lucidité à une étape déterminante de leur vie. Intégrer une université aussi prestigieuse, au cœur d’une capitale européenne dynamique et multiculturelle, implique bien plus qu’un simple changement d’environnement scolaire : c’est un véritable passage vers l’autonomie intellectuelle et personnelle.

Cette transition universitaire exige avant tout une préparation mentale. Il est essentiel de prendre le temps de réfléchir à ses motivations, à ses objectifs, et aux méthodes de travail qu’il conviendra d’adopter. L’université accorde une grande liberté, mais cette liberté s’accompagne d’une responsabilité accrue. Il ne s’agit plus seulement de suivre un parcours balisé, mais de construire activement son propre chemin.

L’ULB valorise profondément l’esprit critique, l’engagement personnel et l’ouverture au monde. Il ne suffit pas d’assister aux cours : il faut interagir, questionner, s’investir. Cette posture active et curieuse est indispensable pour tirer pleinement profit des multiples ressources que l’université met à disposition, qu’il s’agisse des bibliothèques, des conférences, ou de la vie associative foisonnante.

Dans un cadre aussi stimulant, la gestion du temps devient une compétence centrale. Les sollicitations extérieures sont nombreuses — entre les cours, les travaux, les petits emplois et la vie bruxelloise — et il est facile de se disperser. Une organisation rigoureuse, une planification réaliste et une discipline personnelle solide permettront de maintenir l’équilibre nécessaire pour réussir sur la durée.

Étudier à l’ULB, c’est également évoluer dans un environnement profondément multiculturel. La diversité des origines, des parcours et des idées est une richesse qui demande une véritable ouverture d’esprit. Savoir écouter, respecter les différences et confronter ses opinions dans un esprit de dialogue est indispensable pour s’épanouir pleinement dans cette atmosphère internationale.

Par ailleurs, il est important de donner du sens à son parcours universitaire. Les études ne sont pas une finalité en soi : elles doivent s’inscrire dans un projet de vie plus vaste, qu’il soit professionnel, personnel ou citoyen. Se poser les bonnes questions dès le début — sur le métier visé, sur les engagements que l’on souhaite prendre, sur sa contribution à la société — permet de garder le cap et de faire des choix cohérents tout au long du cursus.

Enfin, il serait dommage de limiter son expérience à l’enceinte du campus. Bruxelles offre une vie culturelle intense, un accès direct aux institutions européennes, et une multitude d’opportunités professionnelles. L’université et la ville forment un écosystème vivant : les découvrir ensemble enrichit considérablement le parcours étudiant.

Intégrer l’ULB, c’est donc entrer dans une communauté universitaire exigeante, ouverte et engagée. C’est à la fois un privilège et une responsabilité. En se préparant avec ambition, lucidité et engagement, chaque étudiant pose les fondations d’un parcours riche, formateur et profondément transformateur — sur les plans académique, personnel et citoyen.